Les éditions Les Prairies ordinaires, qui avaient cessé leurs activités au printemps 2016, connaissent un nouveau départ. Les Éditions Amsterdam, elles-mêmes tout juste relancées, viennent d’acquérir ce fonds riche d’une soixantaine de titres, complément idéal à leur propre catalogue ; mais elles souhaitent aussi redéfinir les Prairies ordinaires autour d’un nouveau projet éditorial.
Depuis leur création en 2003, les Éditions Amsterdam se sont attachées à faire exister dans l’espace intellectuel français des courants de pensée ignorés ou confinés aux seuls milieux spécialisés – notamment les gender studies, les race studies, les postcolonial studies, les cultural studies, sans oublier l’histoire orale (en traduisant l’ensemble des livres de Studs Terkel) et les études spinozistes (la collection « Caute ! » dirigée par Yves Citton et Frédéric Lordon). Elles ont dès le départ pris position sur des sujets controversés comme le port du voile ou le travail du sexe, et approfondi ce goût du débat en lançant la Revue internationale des livres et des idées en 2007, puis la Revue des livres en 2011. Après avoir mis en suspens leurs publications pendant près d’un an et demi, elles repartent avec un programme neuf, élaboré par Nicolas Vieillescazes, directeur éditorial des Prairies ordinaires de 2010 à 2016.
Fondées en 2005, Les Prairies ordinaires ont voulu, hors de tout dogmatisme, faire découvrir les pensées critiques actuelles, s’illustrant tout particulièrement dans la traduction de textes et d’auteurs essentiels des sciences sociales contemporaines : le géographe David Harvey, la philosophe Wendy Brown, le sociologue Mike Davis, l’historien Perry Anderson, le théoricien de la culture Fredric Jameson… La maison s’est également ouverte au domaine de l’image, avec des ouvrages consacrés au cinéma (Alors, la Chine de Wang Bing, Mon occupation préférée d’Avi Mograbi) et aux séries télévisées (The Wire. Reconstitution collective ; Breaking Bad, série blanche ; Game of Thrones, série noire).
Alors que l’univers de l’édition de sciences humaines et sociales se rétrécit, qu’il est de plus en plus gagné par la fadeur, le conformisme, le « vite fait-mal fait » et la quête de rentabilité immédiate, nous nous sommes donné pour but de poursuivre une politique de fonds – véritable richesse de l’éditeur –, donc de continuer à publier des classiques contemporains ou de jeunes auteurs, mais aussi d’explorer de nouveaux territoires et d’expérimenter des formes d’écriture originales. L’audace et la ténacité paient, nous en sommes convaincus, et notre ambition est d’acquérir, malgré notre petite taille, une place incontournable dans le domaine des essais. Nous espérons pouvoir compter sur votre soutien.
L’équipe des Éditions Amsterdam/Les Prairies ordinaires