Hasan Cemal,
1915 : Le génocide arménien
Cet essai, qui a connu un grand succès en Turquie, aborde la question de la perception de la « question arménienne » par un journaliste connu pour ses prises de position radicales sur les nombreux sujets problématiques de la période contemporaine : les pouvoirs de l’Armée, la question kurde (à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie) et la mémoire du Génocide… Mais ce journaliste présente un statut particulier de par son appartenance familiale ; il est le petit-fils de l’un des principaux dirigeants turcs des années 1914 à 1918. Ce dernier (Djemal Pacha) fut assassiné en 1921 à Tiflis par un Arménien. Et une partie de l’ouvrage raconte la perception des proches justement, la manière dont le milieu familial a traité la mémoire d’un événement majeur du XXe siècle, exprimant dans ses silences et zones d’ombre l’attitude générale de la période républicaine. Fourmillant de références au débat interne, à la myriade de données qui permet de situer la complexité des réticences et des bloquages d’un pays où a régné une éducation de l’oubli, le livre de Hasan Cemal permet d’engager le procès de l’historiographie avant de faire celui de l’Histoire.