Yassin al-Haj Saleh,
Récits d’une Syrie oubliée
Sortir la mémoire des prisons
Le récit fait par Yassin al-Haj Saleh de ses seize années de prison en Syrie est plus qu’un témoignage sur l’univers carcéral : il se double d’une analyse approfondie des transformations que la détention a opérées en lui ainsi que d’une réflexion forte sur la culture politique syrienne façonnée par plusieurs décennies de dictature et les difficultés du dialogue entre prisonniers de différentes obédiences politiques. La prison a transformé ce militant de gauche et médecin de formation en écrivain et en observateur lucide de la société syrienne, dont les analyses paraissent régulièrement dans la presse arabe et internationale. L’auteur questionne les notions de liberté et d’aliénation à partir de son expérience carcérale. Il prolonge cette réflexion dans une introduction et une postface où il relate son parcours d’activiste clandestin depuis le début de la révolte syrienne en mars 2011 puis son expérience de l’exil. Il y analyse aussi les formes de l’oubli et de la mémoire sous une dictature qui a envahi de ses symboles et de ses discours tous les recoins de la sphère publique.