Javier Moscoso,
Histoire de la douleur
XVIe-XXe siècle
En tant qu’expérience subjective, la douleur est irréductiblement privée. Mais comme chacun le sait, la douleur se dit et la douleur s’expose. Dès lors, elle devient un phénomène culturel et social, une représentation dont on peut étudier les formes et raconter l’histoire. C’est pourquoi l’histoire racontée dans ce livre s’organise autour des lieux communs (au sens rhétorique du mot) à travers lesquels la douleur s’est successivement construite : la représentation, l’imitation, la sympathie, la confiance, le témoignage, la correspondance, la narrativité, la réitération. Malgré son souci de rigueur et son érudition, l’histoire racontée n’a absolument rien d’aride : Javier Moscoso convoque une riche iconographie à l’appui de son argumentation et puise dans des sources littéraires, personnelles, religieuses, juridiques et médicales pour livrer une réflexion brillante et enlevée sur les transformations de la souffrance en Occident, sur la manière dont cette expérience naguère investie d’une signification religieuse est devenue un symptôme, et à ce titre, la marque d’un mal physique ou psychique à éliminer. À travers l’histoire de la douleur, il ne nous propose rien de moins qu’une réflexion profonde sur la formation de l’individu moderne.