Lauréline Fontaine,
La Constitution au XXIe siècle
Histoire d’un fétiche social
Les constitutions ont bonne presse. Identifiées à des marques de progrès, elles nourrissent depuis leur apparition les imaginaires politiques des peuples aspirant à l’émancipation. L’histoire du constitutionnalisme est pourtant bien loin du récit que l’on en fait communément. Les textes constitutionnels n’ont en effet jamais eu les vertus qu’on leur prête : plutôt que de favoriser le progrès social et l’égalité, ils ont le plus souvent été des outils de domination. Malgré leur rhétorique séductrice, ces écritures sont en effet impuissantes à faire advenir les idéaux qu’elles proclament. Incapables de limiter le pouvoir des intérêts constitués, elles ont avant tout servi l’affirmation d’une rationalité économique indifférente au sort des populations, sous couvert de défense de l’État de droit et des libertés.
Retraçant l’histoire de l’écriture des constitutions et de leurs effets, Lauréline Fontaine propose dans cet ouvrage une critique novatrice de ce fondement des sociétés libérales. Elle montre que l’ère de l’homo constitutionalis, entamée au XVIIIe siècle, est celle de la foi dans une religion qui dessert le plus grand nombre, en maintenant les peuples à distance de l’exercice du pouvoir.