Identités et Cultures 1

L’œuvre de Stuart Hall, pionnier des cultural studies et figure majeure de la pensée critique, se joue des frontières disciplinaires pour inventer de nouveaux langages de contestation. Articulant le matérialisme et le structuralisme, elle souligne l’importance de la culture comme catégorie analytique, dans un contexte de réorganisation complète de ses formes, de ses usages et de son déploiement économique. C’est en particulier la lutte idéologique qui se déploie sur le terrain de la culture que Hall nous donne à penser. Son écriture subtile, qui ne cède jamais au réductionnisme, en donne à voir toute la complexité : du rôle actif que jouent les représentations médiatiques dans la formation des identités aux conflits discursifs au travers desquels se forgent les antagonismes politiques, en passant par l’hybridité culturelle propre au « moment » postcolonial.

La nouvelle édition de ce recueil propose dix-sept textes désormais classiques, ainsi qu’une préface inédite dans laquelle Maxime Cervulle retrace le parcours personnel, intellectuel et politique de Stuart Hall.

L’Atlantique noir

Cet ouvrage, dont la première édition est parue en 1993, s’est rapidement imposé comme une référence incontournable. L’approche développée par Paul Gilroy permet de renouveler en profondeur la manière de penser l’histoire culturelle de la diaspora africaine, résultat de la traite et de l’esclavage. Contre les visions nationalistes et les tenants d’un absolutisme ethnique, l’auteur montre qu’il existe une culture hybride, qui n’est ni africaine, ni américaine, ni caribéenne, ni britannique, mais tout cela à la fois : l’Atlantique noir.
L’objet du livre est donc de donner à voir cet espace qui commence à se constituer dès le XVIIe siècle à travers l’histoire de la traite négrière, de retracer ce réseau de relations, d’échanges d’idées, de personnes et de productions culturelles. Au fil de ces pages où l’on croise des figures allant de Spike Lee à T. W. Adorno, en passant par les Jubilee Singers, Richard Wright, W. E. B. Du Bois, Jimi Hendrix, Wynton Marsalis ou encore Hegel, l’espace et le temps singuliers de l’Atlantique noir prennent forme et consistance de façon saisissante. La musique, mode d’expression privilégié d’une culture enracinée dans l’expérience des terreurs indicibles de l’esclavage, avec ses usages et ses circulations inattendus d’un bord à l’autre de l’Atlantique, joue un rôle de premier plan dans la création de cette « contre-culture de la modernité » relevant autant de la réalité que de l’utopie.

Représenter le Capital

Comment représenter le capitalisme en tant que système ? Telle est la question à laquelle Marx apporte une réponse entièrement neuve, consistant à penser le capital comme une série d’« énigmes ». À commencer par celle qui préside à sa naissance : comment l’argent peut-il engendrer de l’argent, se valoriser lui-même ? Le capitalisme n’est rien sans ce mouvement permanent, qui explique à la fois ses crises et sa résilience, puisqu’il résout ses contradictions en les projetant à un niveau spatiotemporel supérieur.

Fredric Jameson propose ici une relecture du Capital pour notre époque marquée par une cascade de crises financières. La dernière en date n’a pas seulement suscité un regain d’intérêt pour le chef-d’œuvre de Marx ; comme chaque mutation majeure du système capitaliste, elle l’a aussi transformé, en mettant l’accent sur le crédit, d’une part, et, d’autre part, sur l’impérialisme ou l’accumulation initiale. Cette conjoncture précise appelait une  interprétation nouvelle.

Au cours de sa reconstruction des paradoxes du capitalisme, Jameson avance une thèse apparemment scandaleuse : bien que l’intelligence politique de Marx soit incontestable, Le Capital n’est pas un livre politique. C’est un ouvrage purement économique, qui démontre pourquoi le capitalisme produit nécessairement du chômage et de la misère. Paradoxalement, c’est aussi cela qui fait sa force : il nous invite à comprendre la nature du capital et à imaginer ce que pourrait être la vie dans un autre mode de production.

Fredric Jameson

Fredric Jameson (né en 1934) est professeur de littérature comparée à l’université de Duke (États-Unis). Il est l’auteur d’une œuvre considérable, notamment du Postmodernisme (1992) et de L’Inconscient politique (1981). En 2009, il a reçu le prix Holberg pour l’ensemble de son œuvre.

L’art et l’argent

L’art et l’argent : ce vieux couple célèbre depuis peu de nouvelles noces, à nouveaux frais. À tel point qu’il est devenu difficile, voire impossible, de ne pas immédiatement parler d’argent lorsqu’on parle de l’art d’aujourd’hui. L’art semble désormais l’affaire exclusive des plus riches ; les autres sont invités à en admirer les effets mais à éviter d’en tirer les conséquences et d’en penser l’implicite.

Ce livre part au contraire de l’idée que la question de l’art, donc aussi celle de ses rapports avec l’argent, appartient à tout le monde. En mêlant témoignages, essai littéraire, textes théoriques et reproductions d’œuvres contemporaines, en s’intéressant aux fondations privées comme aux écoles d’art, à la spéculation comme à la condition d’artiste, il voudrait permettre de mieux comprendre depuis quand, comment et sous quelles formes la « valeur » argent a transformé nos façons de faire de l’art, de le regarder et d’en parler.

 

Sommaire et contributeurs :

Jean-Pierre Cometti : Onze thèses sur l’art et le marché de l’art

Jovan Mrvaljevic : Bizarre Love Triangle

Olivier Quintyn : La valeur somptuaire de l’art et la pauvreté des artistes

Claire Bishop : Nous sommes tous des artistes publics

Entretien avec le directeur d’une école d’art municipale : Dernières nouvelles des écoles d’art

Témoignages d’anciens étudiants en écoles d’art : L’école des classes

Jean-Pierre Cometti : L’art riche

Sylvie Coëllier : Collectionneurs, spéculateurs…

Nathalie Quintane : Parler d’art en plein tournant mécénal

Jean-Pierre Cometti

Jean-Pierre Cometti (1944-2016) a enseigné la philosophie et l’esthétique à l’université de Provence. Responsable de la collection « Tiré-à-part », aux éditions de l’Éclat, il a publié de nombreux auteurs américains issus de la philosophie analytique et du pragmatisme. Il est l’auteur de plusieurs livres consacrés à Ludwig Wittgenstein, à Robert Musil, au pragmatisme américain et à des questions d’esthétique. Il a traduit en français Peter Bürger, Nelson Goodman, Richard Rorty, John Dewey ou Donald Davidson, entre autres.

Les Éditions Amsterdam seront présentes à Livre Paris 2017

Les Éditions Amsterdam seront présentes cette année lors du salon Livre Paris, porte de Versailles, accueillies par le stand de la région Île-de-France, en P 68, du 24 au 27 mars !

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Les libraires de Librest vous accueilleront ainsi durant toute la durée du salon pour vous présenter et vous conseiller nos nouveautés. Quant à nous, nous vous donnons rendez-vous le lundi 27 mars lors de la matinée professionnelle, puis l’après-midi sur le salon.

À bientôt sur le stand P 68 !

Pour un féminisme de la totalité

Le féminisme fait souvent office de faire-valoir à tous les programmes, émancipateurs ou non. Du côté du bloc au pouvoir, les « droits des femmes » sont devenus un argument du maintien de l’ordre, des lois islamophobes à la politique d’incarcération des non-Blancs. Parmi les progressistes, le féminisme est une lutte parmi d’autres, qu’on cite volontiers entre l’antilibéralisme et la défense de l’environnement. À l’inverse, ce livre propose de donner toute sa portée au féminisme, de restaurer sa vocation révolutionnaire, de clarifier sa contribution à tout projet de bouleversement de l’ordre des choses. En quoi transformer la famille, la sexualité, l’organisation de la reproduction sociale et biologique, le travail domestique ou encore le travail affectif implique-t-il de révolutionner la vie quotidienne, la santé, la culture, le travail salarié, le logement, la vie collective, les allocations sociales ? Comment les apports du féminisme noir permettent-ils de repenser le dépérissement de l’État ?
Ce recueil, regroupant des textes fondateurs du féminisme marxiste et des articles plus contemporains, est un manuel à l’usage de celles et ceux qui ne se satisfont pas de transformations partielles, mais qui entendent changer le système dans sa totalité.

 

Sommaire :
Introduction : Programme pour un féminisme de la totalité

Eleanor B. Leacock : Le genre dans les sociétés égalitaires

Matthieu Renault : Alexandra Kollontaï et le dépérissement de la famille… ou les deux verres d’eau de Lénine

Johanna Brenner et Maria Ramas : Repenser l’oppression des femmes

Tithi Bhattacharya : Comprendre la violence sexiste à l’époque du néolibéralisme

Sara Farris : Les fondements politico-économiques du fémonationalisme

Silvia Federici : Le féminisme comme mouvement antisystémique

K. D. Griffiths et J. J. Gleeson : Kinderkommunismus. Une proposition communiste d’abolition de la famille

Kevin Floyd : « Mères porteuses » et marchandisation des tissus organiques : une bioéconomie mondialisée

Johanna Brenner : Sur le travail sexuel : une perspective féministe révolutionnaire

Morgane Merteuil : Le travail du sexe contre le travail

Peter Drucker : La fragmentation des identités LGBT à l’époque du néolibéralisme

Gianfranco Rebucini : État intégral, bloc historique et homonationalisme en France : une analyse gramscienne des politiques des droits

Morgane Merteuil : Le travail du sexe contre le sexe : pour une analyse matérialiste du désir

Angela Davis : Violences sexuelles, racisme, impérialisme

 

Ouvrage coordonné par

Félix Boggio Éwanjé-Épée, Stella Magliani-Belkacem, Morgane Merteuil et Frédéric Monferrand.

Peter Drucker

Peter Drucker est militant LGBT et membre de la IVe Internationale. Il travaille à l’International Institute for Research and Education à Amsterdam. Il a notamment coordonné le volume Different Rainbows (GPM, 2001) sur les identités LGBT et les formes d’homoérotisme dans les pays du Sud.