La Multitude libre

Relégué pendant longtemps à l’arrière-plan, au profit de l’Éthique et du Traité théologico-politique, le Traité politique est aujourd’hui au cœur des études spinozistes. Son originalité tient en particulier à l’apparition de l’énigmatique concept de « multitude libre », qui se substitue à la théorie du contrat et sert aujourd’hui de référence centrale à un certain nombre de penseurs contemporains, tel Antonio Negri ou Étienne Balibar. Ce nouveau concept permet de penser autrement le problème de la constitution de l’État, de sa production et de sa reproduction à travers la seule logique des affects. Le présent ouvrage fait le point sur les recherches actuelles autour du Traité politique, de la traduction de ses principaux concepts à ses usages possibles pour concevoir le pouvoir et l’émancipation politiques aujourd’hui.

Avec la participation de : Laurent Bove, Paolo Cristofolini, Nicolas Israël, Chantal Jaquet, Frédéric Lordon, André Martins, Alexandre Matheron, Pierre-François Moreau, Vittorio Morfino, Charles Ramond, Pascal Sévérac, Ariel Suhamy et François Zourabichvili.

L’Anomalie sauvage

La véritable politique des philosophes classiques, c’est leur ontologie, tel est le principe qui guide ce livre, écrit en prison pendant les années 1979-1980. Le néoplatonisme de la Renaissance avait forgé l’utopie d’un développement spontané du capitalisme de marché. Mais les grandes philosophies bourgeoises – Descartes, Hobbes, Rousseau, Hegel – devront insérer la crise au cœur de ce développement, et donc de l’ontologie. Pour elles, l’appropriation suppose toujours la médiation dialectique d’un pouvoir qui lui est extérieur. À l’opposé, Spinoza reprend l’exigence révolutionnaire de la Renaissance, mais en transformant complètement son cadre ontologique. Coupant court à toute dialectique, qui n’est jamais que la ruse ultime de la médiation bourgeoise, il pense l’être comme surface, plénitude, multiplicité. Il forme ainsi une théorie de la pratique collective et de la force productive humaine, toujours tendue vers plus d’autonomie. Radicalement matérialiste, cette philosophie qui affirme la puissance contre le pouvoir devient alors une anomalie sauvage, inscrite dans cette autre anomalie historique : la Hollande du XVIIe siècle.

Qu’est-ce que les Lumières radicales ?

Qu’il soit aujourd’hui accepté dans ses significations les plus subversives ou que l’on débatte de son contenu réel, le concept de « Lumières radicales » s’est imposé dans les études historiographiques sur le XVIIe et le XVIIIe siècles : au maximum, comme un concept opératoire déjà mis en œuvre avec succès ou, minimalement, comme un objet d’interrogation et de discussion entre chercheurs. Tout le monde s’accorde sur l’existence d’une « radicalité » au cœur des Lumières. C’est sur le sens, le statut et l’histoire de cette « radicalité » plus ou moins clandestine que s’interrogent les différentes études qui composent cet ouvrage, ainsi que sur la continuité ou les ruptures caractéristiques de l’émergence des pensées et des mouvements contestataires depuis le milieu du XVIIe siècle. Existe-t-il un seul et même mouvement unitaire de la libre pensée au début de l’ère moderne ? Quelle place attribuer au libertinage érudit vis-à-vis de ce qui deviendra les Lumières « radicales » ? Le panthéisme, qui apparaît comme une position majeure du combat des Lumières radicales, enveloppe-t-il un athéisme lui-même radical ou n’exprime-t-il que le fond inavoué voire la vérité même de toute religion ? À la lumière des différentes études qui composent cet ouvrage, c’est la multitude des « radicalités » (dans les contenus, les méthodes, les principes, etc.) qui s’impose.

Études de Margaret Jacob, Jonathan Israel, Jean-Pierre Cavaillé, Gianni Paganini, Antony McKenna, Pim den Boer, Edoardo Tortarolo, Wiep Van Bunge, Olivier Bloch, Fabienne Brugère, Maria Susana Seguin, Miguel Benitez, Anne Thomson, Winfried Schröder, Gianluca Mori, Pierre-François Moreau, Yves Citton, Tristan Dagron, Manfred Walther, Catherine Secretan, Theo Verbeek, Laurent Bove, Catherine Volpilhac-Auger.

La Fabrique de l’impuissance 1

D’un côté, le Parti socialiste au pouvoir s’est fait depuis 1983 l’artisan d’une « modernisation » néolibérale des institutions, alimentant une dérive sécuritaire toujours plus accusée. De l’autre, la « gauche critique » s’est souvent enfermée dans une stratégie de dénonciation du « complot » néolibéral et de défense du compromis social-démocrate hérité de l’après-guerre (1945-1968), défense sans grande efficacité et sans véritable prise sur « les temps nouveaux ». Les uns comme les autres ont persisté à analyser les transformations en cours selon des schèmes d’analyse hérités de l’entre-deux-guerres et des Trente Glorieuses.
La Fabrique de l’impuissance 1 voudrait déterminer les voies possibles d’une sortie de cette double impasse : ralliements aux impératifs du capital ou défense du statu quo. Pour ce faire, il interroge les conditions de la décomposition du bloc politique et culturel que désignait naguère l’expression de « peuple de gauche », il propose une critique du thème de « la lepénisation des esprits », ainsi qu’une analyse des modes d’intervention des intellectuels français dans le débat politique.Ce livre voudrait de la sorte contribuer à la saisie par « la gauche de gauche » des possibilités actuelles de relance du mouvement vers « l’égaliberté » au-delà du compromis incarné par l’État social des Trente Glorieuses.

La fabrique de l’impuissance 2

« L’École républicaine » repose sur une contradiction irréductible : elle est à la fois un facteur de démocratisation et de hiérarchisation. Elle est l’institution qui assure la légitimation de la hiérarchie sociale en la faisant apparaître comme l’expression de l’inégalité des capacités individuelles. L’École produit ainsi, paradoxalement, de l’impuissance : impuissance à parler, à écrire, à lire, à penser. Mais elle est aussi un lieu de diffusion de savoirs et de compétences susceptibles de donner à chacun les moyens d’augmenter son autonomie, sa puissance d’agir et de penser.
Parce qu’il refoule cette ambiguïté, « le débat sur l’École » nous enferme dans un véritable cercle, et nous interdit de réfléchir aux enjeux politiques de la maîtrise de la lecture, de l’écriture, du rapport aux savoirs et à la parole. Comment faire pour que l’École ne fonctionne pas essentiellement comme une fabrique de l’impuissance ?

Pascal et Spinoza

Dans la très riche histoire des études sur l’âge classique, c’est la première fois qu’un ouvrage se donne pour projet l’analyse comparative des philosophies de Pascal et de Spinoza. Les univers de pensée des deux auteurs ont longtemps été tenus pour si hétérogènes qu’il apparaissait inutile de réfléchir même à leur incompatibilité. Que pourraient bien avoir à se dire, en effet, le solitaire de Port-Royal, apologiste de la religion chrétienne, et le Juif athée de Voorburg ?
C’est oublier que tous deux avaient sur leur table de travail la Bible et le Discours de la méthode, et que la même année, 1670, paraissent les Pensées et le Tractatus theologicopoliticus. Pascal et Spinoza partagent des intérêts communs, développent des problématisations parallèles, engagent des connivences souterraines et des divergences irréductibles. Sans se connaître, ils se sont en quelque sorte répondu.
Les lectures croisées que propose cet ouvrage permettent d’apporter un éclairage suggestif sur leurs œuvres respectives. L’investigation de ces points de rencontres et de désaccords s’avère aussi être, pour nous, une source d’idées nouvelles sur la conception de l’Écriture et de la religion, de l’anthropologie et de l’éthique, des sciences et de la politique, de la sagesse ou du salut. Au-delà de l’histoire des idées, mais aussi grâce à elle, cette première étude systématique et comparative du contraste Pascal-Spinoza offre au lecteur contemporain des frayages philosophiques éminemment prospectifs.

Études de Gabriel Albiac, Henri Atlan, Étienne Balibar, Hélène Bouchilloux, Laurent Bove, Gérard Bras, Jean-Pierre Cléro, André Comte-Sponville, Paolo Cristofolini, Dominique Descotes, Chantal Jaquet, Adrien Klajnman, Henri Laux, Christian Lazzeri, Pierre Macherey, Antony McKenna, Éric Méchoulan, Pierre-François Moreau, Vittorio Morfino, Christian Nadeau, Tamás Pavlovits, Pascal Séverac, Laurent Thirouin, Gerassimos Vocos.

Lire et penser ensemble

Les processus de concentration à l’œuvre dans le monde de l’édition font à juste titre, depuis la parution de l’important livre d’André Schiffrin, L’Edition sans éditeurs (Paris, La fabrique, 1999), l’objet d’analyses et de dénonciations répétées. Lire et penser ensemble voudrait cependant mettre en évidence les points aveugles de cette focalisation presque exclusive sur les problèmes de concentration. Si la réalité menaçante de ces processus est certaine, le portrait valorisant de l’éditeur indépendant en « éditeur résistant », luttant encore et toujours contre les géants de l’oligopole de l’édition, ne risque-t-il pas de se réduire à une dénonciation incantatoire, ignorante de la complexité et des ambiguïtés des transformations en cours ? Ne faudrait-il pas souligner aussi l’ouverture de la situation présente, les possibilités encourageantes qu’elle offre ? Ne faudrait-il pas surtout mettre en évidence d’autres facteurs essentiels de la transformation du monde du livre et de la lecture, facteurs qui ne sont pas réductibles aux problèmes posés par l’économie, au sens étroit du terme, de l’édition ? Il importe au plus haut point de formuler aujourd’hui les termes d’une véritable politique démocratique des savoirs et du livre, qui s’attache en particulier aux effets de l’enseignement et des évolutions technologiques sur les pratiques intellectuelles et les pratiques de lecture, et qui, sans les négliger, ne se limite pas aux aspects plus strictement économiques des problèmes rencontrés par les éditeurs et les libraires indépendants. Pour ce faire, Lire et penser ensemble revient notamment, d’une part, sur l’affaire Google Livres et les confusions qu’elle a suscitées et, d’autre part, sur les contenus et les usages des manuels scolaires dans l’enseignement secondaire et sur la production en masse de « non-lecteurs » qui en résulte. L’enjeu de ces débats n’est rien de moins que le maintien des conditions de l’existence et du développement de la culture critique nécessaire à l’agôn démocratique.

Les Imaginaires médiatiques

Alors que la question de la culture de masse a été au centre des préoccupations des chercheurs français à la fin des années 1950 et dans les années 1960 – notamment avec la création du Centre d’étude des communication de masse par Georges Friedmann, Roland Barthes et Edgar Morin -, cet objet a été ensuite délaissé, voire disqualifié, par une sociologie française de plus en plus dominée par la sociologie de Pierre Bourdieu, jusqu’au point d’orgue dénonciateur qu’a été en 1995 son livre Sur la télévision. Pendant ce temps, dans le reste du monde, s’effectuait un cultural turn qui, rompant avec le légitimisme culturel et la théorie critique héritée de l’école de Francfort, ouvrait de nouveaux horizons méthodologiques propices à l’exploration de ces formes contemporaines de représentations collectives que sont les imaginaires produits, à flots continus, et de façon de plus en plus transnationalisée, par les industries culturelles. Depuis une dizaine d’année, une nouvelle génération de chercheurs s’attache à la réévaluation de la tradition sociologique française postcritique (Edgar Morin, Alain Touraine, Bruno Latour) et à son rapprochement avec les propositions les plus récentes des cultural studies, des gender studies et des postcolonial studies. Il s’agit avec ce livre, dans le prolongement de ces travaux, de proposer non une étude de cas ou un manuel, mais une redéfinition théorique et méthodologique d’un objet et d’un champ de recherche, à travers leur genèse et leurs développements les plus récents, afin de dégager les conditions d’une relance postcritique des recherches sur les industries culturelles, la sphère publique et les médiacultures.

Bourdieu/Rancière

Dans ce livre, Charlotte Nordmann propose non seulement un exposé systématique et didactique de la sociologie de la « dépossession politique » élaborée par Pierre Bourdieu – dont elle souligne à la fois les aspects les plus convaincants et les faiblesses –, mais surtout confronte celle-ci à la critique radicale que lui a fait subir Jacques Rancière. Deux conceptions de la politique se trouvent ainsi opposées : la première insiste sur les mécanismes de la monopolisation et de la dépossession intellectuelles et politiques, et semble à première vue drastiquement limiter les possibilités concrètes d’émancipation ; la seconde, dans un geste que l’on pourrait dire pragmatiste, pose qu’une politique d’émancipation authentique doit partir du postulat de l’égalité et de ses effets, et que la considération des déterminismes sociaux ne peut que nous enfermer dans le cercle de la domination et de l’impuissance. La théorie sociologique de la politique est-elle condamnée à ignorer ce qui dans l’espace social interrompt la reproduction indéfinie de la domination ? La position de Rancière n’est-elle pas marquée du sceau de l’idéalisme ? Ne peut-on penser ensemble l’autonomie et l’hétéronomie radicales de la politique ? Le pari à l’origine de ce livre est que la confrontation des travaux de Pierre Bourdieu et de Jacques Rancière, en révélant leurs points forts et leurs points aveugles, permet d’éclairer les voies d’une politique démocratique radicale pour notre temps.

L’Envers de la liberté

Qu’est-ce donc que cette liberté à laquelle nos sociétés modernes – « libérales » – font si souvent référence ? Que penser des « préférences » des électeurs et des consommateurs, dans un monde baigné de conditionnements publicitaires et médiatiques ? Ce livre invite à réévaluer de telles questions à partir d’un double décalage. Un décalage conceptuel, qui approche la liberté à partir de son envers: le déterminisme. Un décalage temporel, qui recadre les problématiques « libérales » dans le contexte de leur émergence historique à l’époque des Lumières. Pour définir les bases d’une liberté qui ne s’aveugle pas aux conditionnements naturels et sociaux, cet ouvrage propose d’explorer la tradition de pensée qui a été tenue pour l’ennemi le plus radical du libre arbitre, le spinozisme, tel qu’il s’est développé en France entre 1670 et 1790. Cette vision émergente du monde est présentée dans sa dimension imaginaire, avec des outils littéraires et sur une base volontairement indisciplinaire. Le tout avec pour ambition d’instaurer un dialogue permanent entre les textes d’hier et les problèmes d’aujourd’hui. Quinze brefs chapitres proposent une reconstruction méthodique de l’ensemble du système spinoziste, depuis ses fondements métaphysiques jusqu’à ses conséquences esthétiques, en passant par ses implications épistémologiques, psychologiques, éthiques et politiques – le livre constituant une introduction très accessible à la pensée de Spinoza, traduite de son latin géométrique dans le beau français des salons.

Le Spectre du communautarisme

Depuis 1989, un spectre hante la République, le spectre du communautarisme. Les hérauts de droite et de gauche du nouveau conservatisme à la française le répètent inlassablement : notre société est menacée d’éclatement par la « montée des communautarismes ». Laurent Lévy s’attache à dissiper cet écran de fumée idéologique et à en dévoiler les mécanismes. Il met en évidence l’ambiguïté et les contradictions des usages courants du terme de « communautarisme », et les réinscrit dans leur contexte historique et politique. Surtout, il pointe la cible réelle de l’anticommunautarisme : les minorités en lutte pour l’égalité, notamment les gays et les lesbiennes, et les personnes issues de l’immigration coloniale et postcoloniale. Ce faisant, l’auteur du Spectre du communautarisme avance les éléments d’une critique du « conservatisme républicain » et esquisse la perspective d’une politique démocratique radicale fondée sur un universalisme critique. Il entend ainsi contribuer à « remplacer la guerre des épouvantails par la réflexion sur ce qui pourrait permettre de vivre ensemble une vie vivable ».

Les Lumières radicales

Dans ce livre, à la fois synthèse encyclopédique et programme de recherche novateur, Jonathan Israel propose de réviser en profondeur notre représentation des Lumières et de la modernité : il nous invite tout d’abord à considérer comme un ensemble la période qui va de l’âge d’or du rationalisme classique au Siècle des Lumières, à ne pas limiter notre regard à la France et à l’Angleterre, autrement dit aux deux pays qui se disputent habituellement le rôle de centre géographique et historique des Lumières, mais à l’étendre à toute l’Europe, et à ne pas nous en tenir aux grandes figures qui peuplent le plus souvent le panthéon des manuels d’histoire et de philosophie ; surtout, il analyse les effets de l’onde de choc durable provoquée en Europe par l’œuvre de Spinoza : pour Israel, pendant un siècle et demi, l’Europe a été travaillée en profondeur par le spectre du spinozisme. Le « spinozisme », cette constellation transeuropéenne de penseurs radicaux, a ainsi selon lui contribué de façon décisive, par son travail de sape des autorités établies, à définir de manière polémique la modernité qui est encore la nôtre. C’est donc une histoire alternative des origines de l’Europe contemporaine que nous donne à lire Jonathan Israel.

Vous avez dit totalitarisme ?

Dans ces essais foisonnants et décapants, qui constituent une voie d’accès idéale à son œuvre, Slavoj Žižek propose une réinterprétation vigoureuse du «siècle des totalitarismes», du fonctionnement de l’État stalinien, du système concentrationnaire nazi et, plus généralement, de la condition post-tragique qui est la nôtre. S’appuyant notamment sur les catégories élaborées par Jacques Lacan, dont l’emploi est ici clair et éclairant, et sur l’examen d’œuvres de la culture populaire et classique (d’Antigone à John Woo, en passant par Chostakovitch, Hitchcock, James Bond et Spielberg), ce sont les usages politiques contemporains de la notion de totalitarisme qui se trouvent mis en question, ainsi que la possibilité de l’émergence d’une politique d’émancipation radicale.

«Loin d’être un concept valable, la notion de totalitarisme est une sorte de subterfuge théorique; au lieu de nous donner les moyens de réfléchir, de nous contraindre à appréhender sous un jour nouveau la réalité historique qu’elle désigne, elle nous dispense de penser, et nous empêche même activement de le faire

Cultures pornographiques

« Quand on en a vu un, on les a tous vus. »
C’est contre cette affirmation que se développent les porn studies, sur les cendres encore chaudes des sex wars qui opposent mouvements anti-pornographie et mouvements anti-censure dans les années 1980 en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
De la carte postale à la webcam en passant par le film hard, les porn studies font du porno un objet d’étude légitime et décortiquent avec finesse ses codes, conventions et stéréotypes. Elles révèlent son histoire passionnante, à la croisée des innovations technologiques, des transformations du capitalisme et des mobilisations féministes. S’intéressant à la fois à la production et à la réception des images, elles prennent le public du porno au sérieux, dans toute sa pluralité et avec toutes les compétences d’analyse qu’on lui refuse souvent.
Cette anthologie présente pour la première fois en français les textes fondateurs des porn studies, qu’elle associe à des explorations contemporaines des mondes de la pornographie en ligne. Sans mépris ni mise à distance, mais sans discours enchanté non plus, elle renouvelle les perspectives féministes sur la culture populaire.

Avec des textes de Laura Kipnis, Richard Dyer, Susanna Paasonen, Linda Williams, Kobena Mercer, Heather Butler, Lisa Sigel, Sharif Mowlabocus, Clarissa Smith, Martin Barker et Feona Attwood.

Vittorio Morfino

Vittorio Morfino est chercheur en histoire de la philosophie à l’université de Milan. Sa thèse, soutenue en 1998 sous la direction de Jean-Marie Vincent, portait sur la rencontre Spinoza-Machiavel. Il a depuis publié un certain nombre d’ouvrages, dont trois en français : Le Temps de la multitude (Editions Amsterdam, 2009), Le Temps et l’occasion (Classiques Garnier, 2012),  La Guerre et la Violence (Le temps des cerises, 2014).

Le Temps de la multitude

La notion d’immanence telle qu’elle a été développée par Spinoza, en tant que négation radicale de l’origine, peut à bon droit être considérée comme l’un des concepts pivots de la modernité. Vittorio Morfino tente dans cet ouvrage de retracer les contours d’une généalogie de la notion d’immanence chez Spinoza, ainsi que sa postérité, c’est-à-dire les interprétations, les déplacements – et les neutralisations – dont cette notion a fait l’objet dans l’histoire de la philosophie.

S’appuyant sur Aristote, Lucrèce, Augustin, Machiavel, Descartes, Leibniz, Hegel, Engels, Darwin, Husserl, Heidegger ou encore Simondon, et se fondant tout particulièrement sur la nouvelle lecture de Spinoza qu’autorise le concept de « matérialisme aléatoire » théorisé par Louis Althusser, Vittorio Morfino interroge les conséquences systémiques qu’eut l’« invention de l’immanence » sur l’épistémologie, l’éthique, la métaphysique et la politique, et, ce faisant, met au jour la manière dont les définitions de la causalité, de la temporalité, du rapport, de la forme ou encore de la contingence sont devenues l’enjeu d’un affrontement philosophique majeur entre deux conceptions de l’immanence : celle de Spinoza et celle déployée dans une certaine tradition allemande qui court de Leibniz à Husserl, puis de Hegel à Heidegger.