Émilie Hache

Émilie Hache est maître de conférences à l’Université Paris Ouest Nanterre au département de philosophie et membre du laboratoire Sophiapol. Ses recherches portent sur les questions écologiques et sur la philosophie pragmatique. Elle est notamment l’auteure de Ce à quoi nous tenons. Propositions pour une écologie pragmatique (La Découverte, 2011).

Ecologie politique

Quel est l’objet de l’écologie ? Les tigres du Bengale menacés de disparition ou bien les populations habitant près d’usines chimiques polluantes ? Qui compte et qui est oublié, en faisant de la « nature » l’objet privilégié de l’écologie ?

De Bruno Latour à Donna Haraway, en passant par William Cronon, Mike Davis ou Jennifer Wolch, le présent recueil nous donne à voir, à travers des textes pour la plupart inédits en français, les questionnements fondamentaux de l’écologie politique comme sa très grande diversité. En proposant aussi bien des textes de référence que des interventions mettant en évidence les débats actuels, Émilie Hache dresse une première cartographie des points nodaux de l’écologie politique. On navigue ainsi de la maltraitance des animaux domestiques à l’élaboration d’une politique des espèces compagnes, du point de vue occidental sur les « parcs naturels » à celui des communautés qui les habitent, de « l’évidence » de la séparation entre nature et humanité à la perception de leur intrication fondamentale.

La crise écologique que nous traversons nous oblige plus que jamais à penser ensemble les enjeux théoriques et politiques de l’écologie, afin d’espérer y répondre de manière non barbare.

Avec des textes de : Murray Bookchin, William Cronon, Mike Davis, William Denevan, Vinciane Despret, Giovanna Di Chiro, Ramachandra Guha, Donna Haraway, Atsushi Ishii & Ayakubo Okubo, Bruno Latour, Lynn Margulis, Joan Martinez-Alier, Jennifer Wolch.

Le Siècle des chefs

Les foules se déclarant « sans leader » qui émergent aujourd’hui en de nombreux points du monde sont en rupture complète avec l’idée qui a dominé le XXe siècle, selon laquelle « les hommes en foule ne sauraient se passer de maître » (Gustave Le Bon, 1895).

Pourquoi « le besoin de chef » a-t-il pris une telle ampleur à partir de la fin du xixe siècle ? Comment la préoccupation pour le commandement a-t-elle circulé d’un domaine à l’autre, de la guerre à la politique et de la politique à l’industrie ? Comment les formes et le langage du commandement sont-ils devenus transnationaux ? Quel rôle ont joué les sciences sociales, en particulier la psychologie et la sociologie, dans l’affirmation du chef ? C’est à ce type de questions que s’intéresse Yves Cohen dans Le Siècle des chefs.

En articulant une étude des littératures profanes et spécialisées sur le commandement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et une analyse des pratiques des chefs, il nous invite à suivre à la trace les actions des ingénieurs et directeurs d’usine et l’exercice du commandement par Roosevelt, Hitler, et surtout Staline.

Le Siècle des chefs offre ainsi une vaste fresque transversale et internationale de la montée de la figure du chef, fondamentale pour comprendre les spécificités de l’histoire du xxe siècle.

Sadri Khiari

Sadri Khiari est un membre fondateur du Parti des indigènes de la république. Il est l’auteur de Tunisie. Coercition, consentement, résistance. Le délitement de la cité (Karthala, 2003), Pour une politique de la racaille (Textuel, 2006), La Contre-révolution coloniale en France. De de Gaulle à Sarkozy (La Fabrique, 2009), Sainte Caroline contre Tariq Ramadan (La Revanche, 2011).

Malcolm X

Si le parcours personnel de Malcolm X rencontre un écho profond parmi ceux qui, en France comme aux États-Unis, se vivent comme des « colonisés de l’intérieur », c’est qu’ils y trouvent, en même temps qu’un modèle pour leurs luttes, l’expression d’une oppression raciale partagée et d’une même exigence de dignité.

Au-delà de l’aspect biographique, on oublie trop souvent l’effort permanent de Malcolm X pour développer une stratégie politique qui puisse encadrer les résistances, dans une perspective de libération. C’est à ce travail d’élaboration stratégique, ancré dans une longue pratique de résistance et dans sa propre condition de Noir dans une Amérique ségrégationniste, que cet essai se veut une introduction.

Convaincu que le cheminement politique de Malcolm X est riche d’enseignements pour les populations qui subissent le racisme, Sadri Khiari, à partir des enjeux spécifiques au champ politique hexagonal, ouvre à une réappropriation critique de la pensée de Malcolm X.

Division Street

Chicago, 1965. Le souvenir de la Grande Dépression et de la seconde guerre mondiale n’est pas loin. Celui de la crise de Cuba encore moins. Le Vietnam est un désastre. Le mouvement pour les droits civiques obtient ses plus grandes victoires au prix de luttes acharnées. Chicago, ville gangrénée par la corruption, la mafia et les inégalités sociales, est bouleversée par les plus grands réaménagements urbains de son histoire. Ceci n’est pas un polar, mais le premier livre d’entretiens de Studs Terkel. Armé de son enregistreur, le journaliste capte la parole de la piétaille au gré de ses rencontres et de ses errances dans les bars, les rues et les taxis, de part et d’autre de Division Street, artère de Chicago qui symbolise pour lui les divisions politiques, sociales et culturelles de l’Amérique. Il prend ainsi la température de sa ville, et nous offre un instantané saisissant des années 1960 aux États-Unis. Vietnam, communisme, bombe atomique, racisme, pauvreté, transformation du travail par l’automatisation, syndicats corrompus, spéculation immobilière et expropriations, déliquescence du lien social : c’est une Amérique rongée par le doute, la peur et l’impuissance que nous donne à voir ici Terkel. Doute, peur et impuissance parfois suspendus, toutefois, par le constat de la puissance politique des citoyens rassemblés pour exiger leurs droits ou simplement une vie décente. L’impression de fin du monde imminente, d’une société au bord du gouffre, qui domine ces quelques soixante-dix entretiens, préfigure paradoxalement les transformations profondes que connaîtront bientôt les sociétés occidentales au cours des années 1968.

Le Populisme autoritaire

« Si la gauche ne parvient pas à comprendre le thatchérisme – ce qu’il est, pourquoi il a surgi, quelle est sa spécificité historique, quelles sont les raisons permettant d’expliquer qu’il soit en mesure de redéfinir l’espace politique et de désorganiser la gauche –, alors celle-ci ne pourra pas se renouveler parce qu’elle sera incapable de comprendre le monde dans lequel elle doit vivre, ou qu’elle « disparaîtra » dans une marginalité définitive. »
— Stuart Hall

Stuart Hall

Stuart Hall a été directeur du Centre for Contemporary Cultural Studies de Birmingham à la fin des années 1960, puis professeur à l’Open University de Londres. En français, sont parus : Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme (Éditions Amsterdam, 2008) et une anthologie en deux volumes, Identités et cultures (Éditions Amsterdam, 2007 et 2013).

Slavoj Žižek

Slavoj Žižek est responsable de recherche à l’Institut d’Études Sociales de Ljubljana. Il a déjà publié en français : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Lacan sans jamais oser le demander à Hitchcock (Paris, Navarin, 1988) ; Ils ne savent pas ce qu’ils font. Le sinthome idéologique (Paris, Point Hors Ligne, 1990) ; Un essai sur Schelling : le reste qui n’éclôt jamais (Paris, L’Harmattan, 1996) ; Le spectre rôde toujours. Actualité du Manifeste du parti communiste (Paris, Nautilus, 2002). Son œuvre, comme celles d’Alain Badiou, Étienne Balibar, Judith Butler, Ernesto Laclau, Antonio Negri ou Jacques Rancière, se situe au cœur des débats qui, après l’effondrement du paradigme marxiste-léniniste et à l’heure de la mondialisation libérale, cherchent à redéfinir les termes d’une politique démocratique radicale.

Lacrimae Rerum

Slavoj Žižek est tout autant philosophe que cinéphile, et Lacrimae rerum en est certainement la preuve. À travers les œuvres de quatre réalisateurs majeurs, Krzysztof Kieslowski, Alfred Hitchcock, Andreï Tarkovski et David Lynch, c’est tout le cinéma contemporain qui est passé au crible de ses analyses percutantes. Son usage de Lacan ouvre des perspectives nouvelles et productives dans l’analyse cinématographique, qui sont aussi l’occasion d’aborder les questions de l’éthique politique, de la subjectivité, de l’altérité, des droits humains, du postmodernisme ou encore du pluralisme culturel.

Maxime Cervulle

Maxime Cervulle est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Il est co-directeur du Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI). Il est le coauteur de Homo exoticus. Race, classe et critique queer (Armand Colin–Ina, 2010) et de Cultural Studies. Théories et méthodes (Armand Colin, 2018).

La Réification du désir

Dans La Réification du désir, Kevin Floyd se propose d’enfin réconcilier marxisme et théorie queer. Faisant dialoguer Butler et Foucault avec Lukács et Marx, il invite les apports critiques de la théorie queer dans un champ marxien qui a souvent mis de côté les questions – « culturelles » – de sexualité et de genre, et, dans le même mouvement, tente de « matérialiser » des Queer studies qui semblent parfois opérer hors de toute détermination historique. Des textes de Herbert Marcuse à ceux de Fredric Jameson en passant par le film Midnight Cow-boy ou les mémoires de David Wojnarowicz, rédigés au moment de l’apparition du sida et de l’émergence du néolibéralisme, Kevin Floyd croise les références pour montrer que pour faire l’histoire du capitalisme et de l’industrialisation, on ne peut faire l’économie de l’histoire des sexualités et des rapports de genre – et inversement.