Richard Marienstras,
Être un peuple en diaspora
« Des individus, des groupements, un parti politique, le Front national, parlent d’une “crise d’identité” : une menace pèserait sur “l’identité de la France”. Cette formulation s’est frayé un chemin dans une partie plus large de l’opinion qui ne saisit pas les conséquences néfastes que peut avoir sur le jeu normal de la démocratie l’idée que la nation serait une “personne” dont la culture ou le visage auraient une permanente uniformité. […] Or, si elle est collective, l’identité, pour être nationale, doit tenir compte du caractère éminemment changeant de la population et de la culture nationales. Une nation doit pouvoir s’élargir, se diversifier, emprunter et prêter à d’autres cultures, sous peine de s’étouffer et de perdre, non seulement son rayonnement mais aussi sa vitalité. Il est aberrant de figer la nation dans une identité, terme qui ne convient qu’à la personne ou à un ensemble de personnes qui se reconnaissent entre elles. Aussi peu justifiée est l’expression “identité de la France”, aussi justifiable peut l’être l’identité des Français, des Bretons, des musulmans de France, des Tziganes, etc., dont l’appartenance à un groupe entrecroise d’autres appartenances au gré des circonstances et du choix des individus. »