Jules Falquet,
La Combinatoire straight
Colonialisme, violences sexuelles et Bâtard·es du capital
« Je n’aborderai pas le cas de tous·tes les enfants. Je veux me concentrer sur des enfants au sort beaucoup plus incertain, des enfants « flottant·es », qu’on dit souvent être des « accidents ». Leur sort souvent cruel contredit frontalement les discours enchantés sur l’enfance et l’affirmation selon laquelle toute naissance serait une bénédiction. »
La combinatoire straight est un outil original pour repenser les liens entre le développement du capitalisme et la colonisation européenne du continent « américain », marquée par le génocide des populations autochtones et la traite esclavagiste. Concrètement, la combinatoire straight régit « qui se marie avec qui, et à qui appartiennent les enfants ». Mais, dans ce processus colonial, l’imposition de nouvelles logiques de race et de genre vient compliquer l’équation classique. Car tout le monde n’a pas le droit à l’union matrimoniale légitime ni à la filiation. De multiples stratégies sont à l’œuvre pour (faire) produire la nouvelle population qui occupera le continent et travaillera dans les mines, dans les champs, dans les armées ou dans les bordels. Le viol colonial et esclavagiste, mais aussi le viol incestueux ou dans les pensionnats tenus par l’Église, jouent là un grand rôle.
En analysant en profondeur les liens entre colonialisme, violences sexuelles, métissages forcés et bâtardise, Jules Falquet nous montre comment la combinatoire straight moderne-coloniale a produit le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.