Wendy Brown,
Les Habits neufs de la politique mondiale
Néolibéralisme et néo-conservatisme
La démocratie libérale, comme forme sociale et historique, est en train de mourir, sous les coups de deux mouvements a priori antagonistes : le néolibéralisme et le néo-conservatisme. Le premier fonctionne d’abord comme une rationalité politique, un mode de régulation générale des comportements, et le second lui est devenu nécessaire. Car si le néolibéralisme est l’ensemble des techniques de contrôle d’autrui et de soi par accroissement plutôt que par diminution de la liberté, la liberté y sera d’autant plus sûrement autolimitée qu’elle se trouvera moralisée – c’est là la fonction du néolibéralisme. Au-delà d’une telle analyse, Wendy Brown pose la question d’un avenir pour la gauche, qui passe selon elle par un travail de deuil : deuil d’une conception du pouvoir comme souveraineté, deuil d’un horizon de rupture politique défini dans la logique démocratique-libérale, mais aussi deuil d’une radicalité qui prend trop souvent la forme d’un désir de purification morale.