Jean-Paul Sartre,
Qu’est-ce que la subjectivité
Sartre s’attaque d’un côté au « subjectivisme », qui assimile le sujet à la conscience qu’il a de lui-même, et, de l’autre, à l’« objectivisme », vulgate du matérialisme dialectique, qui ne voit dans la subjectivité que le reflet ou l’expression d’une position de classe, qui dissout le subjectif dans l’objectif et réduit les êtres humains au statut de personnages inconsistants, incarnant sous des visages divers de grandes structures impersonnelles. Sartre veut au contraire montrer comment la subjectivité est indispensable à la connaissance du social. On retrouve ici sa méthode caractéristique, consistant à serrer au plus près son objet, à travers des analyses de cas : il étudie tour à tour l’ouvrier antisémite, l’amour chez Stendhal, l’anarcho-syndicalisme, l’hémianopsie, et même… la personnalité de Michel Leiris ! Saisir la subjectivité, c’est comprendre comment les conditions objectives sont intériorisées et vécues, et c’est se rendre capable d’expliquer comment peuvent se constituer des formes de praxis collectives. La subjectivité est un « universel singulier », produit de l’histoire, structure indispensable de l’histoire, et invention de possibles.